Avant de traverser la frontière entre le Laos et le Cambodge, on m'avait remis une brochure de l'organisme Stay another day, une organisme faisant la promotion du bénévolat auprès des touristes.
Impliquez-vous, qu'ils disaient. Des très beaux messages: aider la communauté, donner à la communauté, redonner à la communauté... Sven n'a plus beaucoup d'argent de côté en sa qualité de gars sans emploi, mais il s'est dit qu'il aimerait bien donner un peu de son temps et de son énergie pour l'émancipation du peuple cambodgien.
Après tout, ce peuple en a bavé et rebavé grâce au génie d'un certain Pol Pot.
Je suis plongé dans ma lecture quand nous arrivons à la frontière. Un peu clownesque comme mise en scène.
Nous nous dirigeons vers le poste de contrôle de la dounane laotienne. Le petit monsieur derrière la fenêtre s'assure que tout le monde est légal. Tout est beau, mais il faut passer à la caisse. Chaque touriste quittant le pays doit donner un dollar au contrôleur. Pourquoi? Pour avoir estampillé "USED" sur le visa.
Tout le monde sait que les gens qui exécutent le mouvement consistant à estampiller un document courent un très risque de contracter une surbite (merci Boom Boom).
25 touristes, c'est 25 dollars chèrement gagnés en genre quatre minutes.
Deuxième étape du cirque: l'examen médical dans le no-man's land entre le Laos et le Cambodge. L'examen consiste à prendre un genre de fusil en plastique, le mettre devant le front du client et appuyer sur un bouton. Le gadget révolutionnaire est supposé donner la température du client. Ceux ayant la fièvre ne peuvent entrer au Cambodge. Mais comme tout le monde pointe à 35,6 degrés, le Cambodge ne court aucun danger. Encore une fois "tcheching": 1$ pour "l'examen médical".
À l'instar de son collègue laotien, le commis prend le billet d'un dollar de chacun et le garroche, pour ne pas dire le calisse, dans une grosse valise sur laquelle est inscrit POLICE en grosses lettres.
Troisième station, celle du visa. Tous les touristes remplissent le formulaire de demande de visa à l'arrivée. Coût du visa: 23 dollars américains... dollars auxquels s'ajoute... un autre dollar, qui termine aussi sa course dans une autre belle grosse valise POLICE en cuir.
Techniquement, les touristes faisant application pour un visa doivent fournir une photo format passeport. Important d'avoir une photo, qu'ils écrivent partout dans les guides de voyage. Mais bon, dans les faits, il n'est pas nécessaire de fournir une photo. Vous payez deux dollars de plus et la photo jadis si importante devient soudainement un item optionnel...
Je voyais tous ces dollars terminer leur course dans les valises POLICE... pour une raison que j'ignore, ça m'a fait penser à la brochure que je lisais dans l'autobus. Tous ces beaux concepts d'aider son prochain, de redonner à la communauté, au partage de la richesse... pendant que les coffres de la police s'emplissaient à une vitesse incroyable...
Sven a un défaut: il a tendance à être un tantinet baveux et irrévérencieux... à poser des questions qu'il ne faut pas poser à des gens qui n'aiment pas qu'on leur pose des questions. Que voulez-vous, Sven aime ça voir du monde pogner les nerfs, juste pour le fun de voir les gens pogner les nerfs.
Dans toute autre circonstance, Sven aurait demandé aux policiers si l'argent qu'on leur remettait comme on distribue des bonbons à l'Halloween était retourné à la communauté ou bien s'ils se le crissaient dans les poches à la fin de la journée...
Mais Sven s'est dit qu'il était peut-être préférable de se la fermer (la langue, elle a tourné à peu près 268 fois dans ma bouche), question d'entreprendre du bon pied son séjour au Cambodge et d'avoir le droit d'entrer au Cambodge...
Paraît qu'ils appellent ça la sagesse...
Et paraît que ça ne se guérit pas. Shit!
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