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jeudi 29 avril 2010

L'art d'offrir du bon service


Les touristes étaient amèrement déçus. Pourtant, ils venaient de faire leur BA quotidienne en encourageant An Phu Tourist, un petit tour opérateur, au lieu de Sinh Café, un gros tour opérateur.

C'est souvent une question que l'on se pose en voyage. Qui encourager? Le petit tour opérateur, An Phu, qui tente de devenir gros. Ou le gros tour opérateur, Sinh Café, une compagnie établie depuis plusieurs années et qui a probablement la meilleure réputation au pays.

Et ce matin, pour le trajet Mui Ne - Dalat, nous avons tous décidé d'opter pour le petit au détriment du gros. Mais les touristes ont regretté leur choix... ce que les gens peuvent devenir capricieux dans la vie. Pourquoi?

Parce qu'il y avait plus de gens dans l'autobus que le nombre de places disponibles. Ce n'est pas parce qu'on est 40 dans un autobus qui contient 32 sièges qui a nécessairement un problème. Oui, il y avait des gens assis dans l'allée, une petite fille de 5 ans qui a passé le trajet de six heures debout et un couple qui a du passer par la porte du conducteur pour entrer dans le bus parce le passage normal était obstrué par un un mur de sac à dos de quatre pieds pour se rendre compte qu'il n'y avait qu'une place devant (et la fille a passé le trajet sur les genoux de son copain... il fallait bien que ces deux-là aient un peu de contact humain... c'est important le contact humain).

Mais calculer le nombre de passagers à embarquer selon le nombre de sièges disponibles dans un bus est parfois difficle... c'est compliqué les maths! Et en plus, si An Phu veut devenir aussi gros que Sinh, il faut bien qu'elle rentabilise ses voyages.

Et les quatre pieds de bagages? Les gens faisaient la moue parce qu'il y avait environ quatre pieds de bagages dans les allées et sous nos pieds parce que le coffre du bus pouvait contenir environ 12 sacs à dos alors que nous étions 40 dans le bus. Encore une fois, tout dépend de la perspective et il faut voir derrière toute cette opération qui semblait broche à foin une stratégie brillante. Si vous avez votre gros sac à dos sous vos pieds ou dans l'allée et votre petit sac sur vous, personne ne vous le volera... à moins que vous soyiez le pire "toe cap" de la terre.

Et il s'agit également d'une mesure visant à assurer la sécurité des passagers. Certains pourraient dire que ce n'est pas idéal pour la circulation sanguine d'etre assis pendant six heures dans la position foetus (les genoux collés sur le banc avant et les genoux à la hauteur du menton et incapable de bouger). Tous les docteurs vous diront que retrouver la position foetus, meme de manière forcée, est excellent pour le cortex. Deuxièmement, le fait d'écraser votre vessie et de la rendre la plus petite possible vous coupe l'envie de pisser assez solide.

Et troisièmement, ah oui la sécurité, je m'égarais avec ces trucs médicaux. Selon vous, que se passe-t-il quand il y a un accident dans un autobus où tous les passagers sont libres de leurs mouvements et qu'il y a de l'espace partout? On fait des tonneaux et tout le monde se retrouve "revole" (du verbe revoler) et tout le monde se blesse. Deuxième question, que se passe-t-il dans la boite de sardines quand il y a un accident? Rien parce qu'aucune sardine ne peut bouger! Ici, le mur de Berlin de sacs dans l'allée était évidemment pour nous empecher de bouger et de se blesser dans l'eventualité d'un accident. Fallait y penser!

La frustration initiale passée, nous prenons l'autoroute en direction de Dalat dans un silence complet parce que pratiquement tout le monde s'endort... la preuve par 1000 que ce conpect de bulle et d'espace vital est un concept occidental bien superficiel...

Mais ce silence n'a pas duré très longtemps. Parce que les touristes ont recommencé à chialer, cette fois à cause de la route. Vous connaissez tous les nids de poule. Mais connaissez-vous les nids de boeuf? Un nid de boeuf, c'est un trou dans la route assez gros pour faire fitter un boeuf... vous mettez feu La Poune debout dans un nied de boeuf et elle disparait complètement. Personnellement aucun souvenir d'avoir vu des trous aussi gros dans la route... un champ de trous sur 15 kilomètres que nous traversons en une environ une heure. Je pensais que les touristes seraient contents de voir que le mur de sacs éviterait le brassage de grelots. Mais non, les touristes ont critiqué malgré tout. Oui, on avait éliminé les mouvements de bas en haut, mais ils en voulaient maintenant aux mouvements gauche-droite.

Mais les touristes étaient plus enclins à critiquer qu'à voir l'histoire du pays sous nos pieds. Des routes bombardées par les Américains pendant la guerre, il n'en reste plus des tonnes. Ne manquaient que les éclats d'obus le long de la route et ce retour en arrière dans les années '60 aurait été parfait, mais reste qu'il fallait savoir apprécier cette page d'histoire...

Et pendant que les touristes continuaient de maugréer, j'en demandais plus... il fallait bien que ce périple devienne un classique. Que se passe-t-il quand vous venez de rouler dans un champ de mines à vous faire "shaker le bonbon" pendant une heure et qu'il fait environ 40 degrés à l'extérieur et qu'il n'y a pas d'air climatisé dans le bus? Chances are, quelqu'un va exploser. Et comme par magie, nous entendons un solide "beurahheauuurrrhh": un passager vietnamien qui nous chante la symphonie du bonheur tout en se vidant le corps d'un solide 45 gallons de vomi bien jaune (léger teint de jaune banane pour les amateurs de palettes de couleur Sico). Bien évidemment, le chauffeur aurait pu stopper le bus le temps que notre ami termine son chant rythmé. Mais tant qu'à offrir un excellent service à la clientèle, pourquoi stopper le bus pendant que quelqu'un se vide le corps alors que nous traversons un autre champ de cratères? Encore une fois, j'aurais pu critiquer la stratégie comme l'ont fait certains. Mais encore une fois, j'ai compris la stratégie du chauffeur. S'il a agi de la sorte, c'est pour que les bosses aident notre ami à livrer la totalité de sa marchandise... il aurait été bien dommage que notre ami ne se vide pas totalement pour aller revomir et le refaire souffrir 15 kilomètres plus loin...

Et quand le chauffeur a décidé à la sortie d'un village de stationner le bus le long de la route avant de sortir du véhicule et disparaitre dans une ruelle pendant un bon 25 minutes? Certains ont vu dans ce geste une autre preuve d'abandon du chauffeur. Mais il n'en était rien. Il ne nous a pas laissés poireauter pendant pendant 25 minutes, il était allé chercher trois énormes boites de biscuits. Une petite collation pour nous récompenser pour le trajet.

Malheureusement, le chauffeur a oublié de nous donner nos biscuits à la sortie de l'autobus...

Quoi? Personne n'est parfait.

samedi 24 avril 2010

Respect the rice!


Je ne vous apprendrai probablement rien en vous disant que le Vietnam est un pays où le culture du riz est des plus importantes. Après la Thaïlande, le Vietnam est le deuxième plus grand exportateur de la céréale au monde.

Ces énormes quantités de riz proviennent essentiellement de deux régions: tout au nord et tout au sud. Dans les régions montagneuses du nord, on récolte le riz deux fois par an. Dans le sud, dans le delta du Mékong, ce fleuve qui puise sa source dans les glaciers de l'Himalaya, c'est trois fois par an... et quatre fois les bonnes années.

Ici, ce qui épate le plus n'est pas le riz que les habitants du pays mangent quotidiennement, mais bien les multiples utilisations que les gens en font, et ce, depuis des centaines et des centaines d'années.

Tout le monde connaît la feuille de riz et le papier de riz. Les dérivés de ce produit sont multiples: nouilles de riz pour les pho (que l'on appelle soupe tonkinoise au Québec), feuilles pour les rouleaux de printemps, entre autres.

Lait de riz et fécule de tapioca entrent dans la composition de cette préparation blanchâtre que l'on cuit grâce... au riz! Ou à la cosse du grain de riz pour être plus précis. Une fois séparée du grain, la cosse n'est pas jetée aux ordures. Non madame! Elle est utilisée pour alimenter le feu (pas de bois ici, uniquement des millions de cosses séchées) qui sert à cuire les feuilles de riz. Ingénieux, non?

Mais le tour de magie ne s'arrête pas là. Une fois noircies et brûlées, on pourrait croire que la vie des cosses est terminée. Re non madame! Une fois bien en cendres, les cosses sont utilisées comme engrais! On n'arrête pas le progrès.

Et le plus ironique dans tout ça, c'est que l'engrais cendré se vend plus cher que la cosse non brûlée.

Yeap, respect the rice!

mardi 20 avril 2010

Forrest Gump n'est pas le vrai Forrest Gump


Robert Zemickis nous a bien eus. On a tous cru que Forrest Gump était une création du cinéaste. Mais il n'en est rien. Le Forrest Gump interprété par Tom Hanks n'est pas réellement Forrest Gump, cet personnage à l'histoire abracadanbrante.

Le vrai Forrest Gump, celui qui a inspiré le cinéaste, je l'ai rencontré il y a quelques jours lors de ma visite aux tunnels de Cu Chi, lieu mythique de la guerre du Vietnam.

Brève remise en contexte: les tunnels de Cu Chi sont un "success story" incroyable au Vietnam. Pendant la guerre contre les Américains, les Vietcongs avaient creusé un réseau de tunnels d'environ 250km de long à Cu Chi, village à environ 60km au nord-ouest de Saigon. Pendant de longues années, les tunnels de Cu Chi et les soldats invisibles qui s'y cachaient ont causé bien des ennuis aux Américains... un des symboles fort de la résistance vietnamienne.

Notre Forrest Gump vietnamien, Le Thai Bihn de son vrai nom, est le guide accompagnant les touristes aux tunnels en ce beau vendredi matin. Mais Le Thai Bihn n'est pas qu'un guide. Il est LE GUIDE! Si vous allez à Cu Chi, c'est lui que vous voulez avoir comme guide parce que son histoire est spectaculairement spectaculaire.

Né d'une mère vietnamienne et d'un père philippin, LTB a évidemment participé à la guerre du Vietnam... en tant que membre de la marine américaine! Sur les champs de bataille de Cu Chi, ce sont les Vietnamiens qu'il combattait.

Il a donc participé à la guerre déchiré entre son pays d'adoption et son pays natal, sans jamais tuer de Vietnamien. Pour lui, l'ennemi n'existe pas. Tous sont ses amis, tous ses frères. Difficile de ne pas aimer quelqu'un qui aime tout le monde.

Après la guerre, il quitte les États-Unis et rentre au Vietnam et se fait arrêter par les communistes et passe quatre ans dans les camps de rééducation. Mais notre Forrest national est fort parce que même après quatre ans en rééducation, il ne plie pas et ne devient pas communiste. Malgré la prison, il n'éprouve aucune rancoeur à l'endroit des communistes. M. Bihn aime autant le communisme et le capitalisme. Difficile de ne pas aimer quelqu'un qui aime tous les régimes politiques.

Et c'est probablement en raison de cette fraternité éternelle que M. Bihn est devenu ami avec les plus grands de ce monde et qu'il est devenu un être mythique.

Lors de l'occupation américaine, M. Bihn n'a pas travaillé pour des généraux "no name". Non madame! À Cu Chi, M. Bihn a travaillé sous les ordres directs de nul autre que John McCain et John Kerry. "My good friend John McCain" et "My good friend John Kerry" s'amuse-t-il à répéter. Parce que LTB ne fait pas que travailler pour les deux derniers candidats défaits lors de l'élection présidentielle américaine, il est leut pote.

Mais M. Bihn n'est pas qu'ami avec les commandants devenus politiciens, il est aussi "chummy, chummy" avec les bonzes du 7e art. Pensez cinéaste américain et guerre du Vietnam. Quel nom vous vient en tête en premier? Oliver Stone, bien entendu. C'est également à Cu Chi que LTB a fait connaissance avec "my really good friend" Oliver. "Oliver was looking for a surgeon, but found me instead. So I helped him. My good friend Oliver Stone".

Et Bill Clinton et Bill Gates? Ils attendent toujours que LTB accepte leur demande d'amitié sur Facebook. En 2000, soit six ans après la levée de l'embargo américain au Vietnam, les deux Bill se sont rendus à Saigon pour signer des ententes commerciales. Selon vous, qui a travaillé avec les deux Bill lors de leur passage à Saigon? M. Bihn, évidemment. Avec qui les deux Bill "chillaient" le soir dans leur chambre du New World Hotel après avoir signé des ententes milliardaires quelques heures auparavant? Avec M. Bihn.

À l'instar du Forrest de Zemeckis, qui voit son Bubba, sa mère et sa Jenny mourir tour à tour, M. Bihn a aussi un destin tragique. Son premier amour et sa mère sont tombées sous les balles et les bombes au Vietnam. Et après ses années de rééducation, M. Bihn apprend que ses frères et soeurs sont en Australie et qu'ils sont pauvres parce qu'il n'ont pas assez d'eau dans leur nouveau pays.

Mais M. Bihn aussi est pauvre. Pauvre parce que l'armée américaine n'ont rien fait pour l'aider à la fin de la guerre au Vietnam. Et aussi pauvre parce que le gouvernement vietnamien ne lui a pas permis de devenir chirurgien ou avocat.

Mais M. Bihn a confiance que le vent tourne. Sous peu, il accrochera ses crampons de guide et se mettra à temps plein à l'écriture de sa biographie. En entendant de pouvoir lire sa version des choses dans sa biographie, M. Bihn suggère aux touristes de lire, une fois de retour à la maison dans leur pays respectif, le livre "Three moons in Saigon". "You will see my picture inside!"

Comme par hasard, une touriste dans l'autobus qui nous ramène à Saigon possède le livre en question. Et alors, elle est dans le livre, la photo de M. Bihn.

La femme hoche non de la tête. M. Bihn n'est pas dans le livre. M. Bihn nous a bien eus...

dimanche 18 avril 2010

Tranche de vie beurrée épais avec le beurre d'un gars qui n'avait pas toute sa tête

Le scénario est un classique, celui dont tout le monde rêve: rencontrer l'étranger (étrangère) parfait (e) par hasard au tableau d'affichage des vols à l'aéroport avant de retrouver assis à côté de cette même personne une fois dans l'avion. Le destin qui frappe et c'est pour la vie...

J'ai rencontré l'Étranger à l'aéroport lors de mon escale à Beijing avant d'arriver au Vietnam. Mais aucune chance que la relation se poursuive à long terme. À Beijing, ce n'est pas l'étranger parfait que j'ai rencontré, mais plutôt le "toe cap" suprême.

Quand j'ai vu Toe (c'est quand même charmant comme prénom, Toe) réagir devant le tableau d'affichage des vols comme s'il venait de gagner le million (alors qu'il venait de découvrir le numéro de sa porte d'embarquement), je me suis dit qu'il y avait probablement une vis "slack" quelque part entre son oreille gauche et son oreille droite. Et quand il a ouvert la bouche, j'ai su que toutes les vis de la rangée étaient "slack".

La teneur du discours de Toe ne laisse aucun doute: le gars est fêlé solide! Toe dit qu'il doit fuir l'Amérique du nord et s'enfuir au Vietnam chez un ami parce qu'il est pourchassé par les hippies de Portland. Pourchassé par des hippies? Pourtant, sont très gentils, les hippies.

La réponse parfaite à une telle affirmation? Je ne sais pas, mais c'est sûrement plus brillant que mon : Euh?!?

Toe enchaîne: il est pourchassé par les hippies parce qu'il vient de les balancer à la police parce qu'ils sont à la tête d'un traffic de drogue. Évidemment, j'aurais dû m'en douter...

Au cours de l'explication sur les hippies de Portland, j'apprends aussi que le gouvernement (lequel, ça, ça n'a pas été précisé par Toe) tente de cacher la vérité sur une planète cachée derrière la planète Mars et dont le nom contient beaucoup trop de X et de E (un truc du genre ExxEXectsx).

J'enchaîne avec un autre délicieux euh?!?. En fait, j'aurais pu poser une question, mais le monologue de Toe était tellement intense que je ne voulais en aucun cas "scrapper son punch". Et je quitte mon nouvel ami pour aller démêler tout ça pendant quelques heures... en pensant bien l'avoir semé pour de bon. Mais le destin, c'est le destin... et "vlà-ti-pas" que Toe vient s'asseoir à mes côtés dans l'avion... la même rangée. Évidemment!

Mais Toe ou pas, je suis claqué et je m'endors immédiatement... Je ne payais rien pour attendre. Au réveil, Toe est déterminé à reprendre ses histoires dont la logique, la clarté, la pertinence sont le fil conducteur. Parce que Toe est tenace et il veut répandre la bonne nouvelle.

- Hey Dude, mon meilleur ami, qui est le plus grand mangeur d'huîtres au Canada (déjà, ça part mal en ta...) s'en va au Mexique. Et comme il sera proche des États-Unis, je lui ai demandé s'il irait en Californie. Et tu ne devineras jamais ce que mon ami m'a répondu?

-Euh?!?

-Il m'a dit que jamais de sa vie il n'irait en Californie. Dude, il est Canadien mon ami et jamais il n'ira en Californie.

-Euh?!?

-Dude, n'est-ce pas la chose la plus cool que tu n'aies jamais entendue? (+rires déplacés et interminables).

-Euh?!?

Oui, j'ai encore une fois répondu euh?!?. Mais si vous savez ce que j'aurais dû répondre à ça, please, let me know. J'aimerais avoir l'air intelligent la prochaine fois que je rencontrerai Toe... parce que je ne suis pas sûr d'avoir fait une bonne première impression.