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jeudi 8 juillet 2010

Merci Cambodge


24 jours. 24 jours passés au Cambodge, ce petit pays encerclé par la mer, la Thaïlande, le Laos et le Vietnam. 24 jours à flotter sur un nuage, 24 jours qui ont passé malheureusement trop vite, 24 jours dont je conserverai un souvenir impérissable.

Parce qu'au cours de ce séjour, j'ai eu la chance de rencontrer le peuple le plus extraordinaire qu'il m'a été permis de rencontrer depuis le début de ma carrière de globe-trotteur.

Paysagement parlant, le Cambodge, à mes yeux, ne peut rivaliser avec les splendeurs naturelles de la Nouvelle-Zélande, de la Corse ou du Costa Rica. Peu importe que je n'aie pas vu les plus beaux pics enneigés, les plus majestueux fjords, les steppes les plus sauvages ou les eaux les plus bleues du monde, le Cambodge est devenu pour moi le plus beau pays du monde. Pas pour ce qu'il possède mais pour ce qu'il est. Grâce à cet élément qui définit le plus l'identité d'un pays, c'est-à-dire les gens qui y vivent.

Un peu cliché comme déclaration? Peut-être. Tous les gens que j'ai rencontrés et qui ont pris la peine de vraiment visiter le pays (c'est-à-dire les gens qui ont vu autre chose que les Temples d'Angkor et Siem Reap et Phnom Penh) sont unanimes: les Cambodgiens sont tellements fins.

Mais c'est vrai. Plus vrai que vrai. Dans pratiquement tous les pays que j'ai visités, j'ai rencontré des peuples généreux, attachants, sympathiques, altruistes. Mais au Cambodge, j'ai, pour la première fois de ma vie, été touché, ému par un peuple.

Grâce à leur bonne humeur, leur sens de l'humour, leur simplicité, leur curiosité, leur rage de vivre, leur courage, leur résilience, les Cambodgiens m'ont permis de vivre l'expérience touristique la plus unique, celle de la vraie découverte d'un peuple. Un peuple qui mérite d'être découvert et respecté pour tout ce qu'il a vécu.

Un peuple qui aurait pu s'effondrer après le génocide orchestré par l'infame Pol Pot entre 1975 et 1979 (génocide au cours duquel environ deux millions de Cambodgiens ont perdu la vie). Au contraire, ce peuple a réussi à transformer cette tragédie qui a anéanti le pays en force motrice, en rage de vivre, en tenacité. Bref, un traumatisme qui leur a permis d'être encore plus forts qu'auparavant.

Le courage dont fait montre ce peuple par rapport à cette tache noire de l'histoire du 20e siècle est hors du commun. Au lieu de vivre dans le déni, de jouer à l'autruche et de faire comme si rien ne s'était passé, les Cambodgiens affrontent cette cruelle réalité de pleine face. Leur message est clair quand vous visitez Tuol Sleng (aussi appelée S-21, cette prison où des milliers de Cambogdiens ont été torturés) ou les Champs de la mort de Choeung Ek (où les prisonniers de S-21 étaient tués): voici notre histoire, voici ce qu'un des nôtres a fait subir à son peuple; nous voulons que tous les humains sachent ce qui s'est passé pour éviter qu'une telle catastrophe humanitaire se reproduise un jour.

Mais ce courage, il n'est pas que dans les musées. Il est dans la rue, chez les victimes de ce régime ignoble, qui parlent, parlent et parlent sans hésitation de la guerre et de ce qu'ils ont vécu pendant cette période sombre... sans même que vous ne posiez la question. Impossible de visiter le Cambodge sans tomber sur une personne qui vous racontera comment elle et sa famille ont souffert sous les Khmer Rouges. Et ces horreurs, elles vous sont racontées comme n'importe quelle histoire du quotidien... avec un sourire, qui veut dire tellement de choses.

Ce sourire et cette volonté de parler à l'infini. Autre phénomène fascinant dans ce pays; j'ai déjà abordé le sujet dans mon billet sur les chauffeurs de tuk tuk. Ce bien est généralisé. Un sourire riche, chaleureux, contagieux dont le charme est irrésistible. Impossible d'y rester indifférent. Une invitation spontanée à répondre à votre tour qui fera de vous une machine à sourire pendant votre séjour dans ce pays.

Un premier geste non-verbal tout simple qui débouche inévitablement en procès-verbal. Et attachez votre tuque avec de la grosse broche, vous risquez de passer plus de temps que prévu à jaser avec votre nouvel ami. Une facilité d'approche et d'ouverture face à l'étranger déconcertante. Sans tabou, sans obstacle, sans barrière. Une discussion naturelle comme si vous parliez à un ami que vous connaissez depuis 15 ans. Magique.

Une facilité à pénétrer dans leur univers... avec la force d'un aimant. Pas uniquement à échanger et partager paroles, paroles et paroles. Mais à vous faire inviter à jouer à la pétanque, au volleyball avec eux. À vous faire inviter à vous asseoir à leur table pendant qu'ils regardent un combat de boxe à la télévision dans un restaurant. À vous faire inviter par le chauffeur de tuk tuk à manger chez lui avec sa famille. À vous faire prendre par la main par les enfants quand vous traversez un village à pied. À vous faire donner des camions-jouets par des enfants pour jouer avec eux. Etc, etc, etc.

Un vortex d'humanisme dans lequel on veut absolument tomber pour vivre une expérience unique.

Amis camodgiens, merci pour cette leçon de vie. Cet hommage vous est dédié avec la plus grande sincérité et la plus grande humanité par quelqu'un qui ne vous arrive pas à la cheville. Merci de m'avoir autant montré en si peu de temps. Vous êtes les plus beaux, les plus formidables, les plus adorables, les plus extraordinaires.

Et surtout, ne changez jamais.

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