Ça y est, Sven la bédaine reprend du service. Cette fois, il trimbale son sac à dos du côté du Brésil, à Rio de Janeiro, la ville qui fait tant baver avec son rythme, ses montagnes et ses kilomètres de plage, pour être plus précis. De retour en Amérique du sud pour une période indéterminée... que de péripéties en perspectives...
lundi 26 juillet 2010
Les démons de la danse sont en moi
J'ai une confession à faire à tous ceux qui me connaissent très bien. Pendant longtemps, j'ai fait partie d'une secte. Je fais encore partie de cette secte, mais mon association avec ladite secte devrait prendre fin prochainement parce que j'ai péché. En fait, dès que le gourou de la secte lira ce qui suivra, je serai expulsé de la secte et mon droit de pratiquer sera révoqué.
Ceux qui me connaissent très bien savent à quel point je déteste danser. Ma confession est la suivante: si j'ai refusé autant comme autant de danser au cours des dernières années, c'est parce que je fais partie de la "Secte des ennemis de la danse".
Je sais que je ne suis pas supposé révéler les secrets de l'organisation. Mais comme je quitterai la secte sous peu parce que j'ai récupéré mon indépendansce spirituelle, je n'ai plus peur du gourou de la secte, Steeve-Garry Piché-Dubé junior. SGPDJR, pourchasse-moi si tu veux, je m'en fous; les secrets de ta secte, je les révèle au grand jour.
Attention, ça va faire mal. Depuis 1997, soit depuis mon arrivée dans la région métropolitaine de Montréal, je fais partie de la secte. Une fois par mois, nous nous rencontrons dans le sous-sol de Tommy-Davey Blackburn-Bérubé, à Chomedey, pour maudire cette culture de la danse. L'habit des membres de la secte est tout ce qui a de plus classique: un t-shirt de loup en coton ouaté, une froque de cuir Budweiser, des jeans verts avec de l'eau dans la cave et des loafers en suède brun achetés chez Pitt sur St-Hubert. Le but de la soirée est assez simple. On boit du "cream soda", on écoute du vieux Poison et on prie Ozzie en détruisant les VHS de "Bouge de là" de 1994. Malade comme ça fait sortir le méchant!
Mais 13 ans plus tard, j'ai réussi à me défaire du cercle de dépendance de la secte. Et c'est à Kuala Lumpur, plus particulièrement au Mumbai Se, que j'ai trouvé la lumière et ai réussi à mettre cette haine de la danse derrière moi. Et pour ça, je devrai remercier mes amis indiens pour le reste de mes jours.
Parce que grâce à mes amis indiens de Kuala Lumpur, j'ai découvert les boîtes de nuit punjabi. C'est quoi une boîte de nuit punjabi? C'est une boîte de nuit avec de la musique pop punjabi, c'taffaire!
Je vous entends déjà gueuler: "Heille, arrête de niaiser, tu as toujours détesté ça de la musique pop, fais nous pas "accrère" que tu aimes la musique pop punjabi, maudit menteur!"
Wo les moteurs, les amis. C'est vrai, je déteste la musique pop. De la musique pop et de la musique pop punjabi, ce n'est vraiment pas la même chose.
Vous connaissez la muralî, le vamsha, le bansuri, la tanpura, la sarode, la sarangi, le dilruba, la pakhawaj? Ce sont tous des instruments traditionnels de musique indienne. Mais même si ces instruments font partie d'une culture musicale millénaire et complexe, les probabilités que vous retrouviez une de ces sonorités dans une chanson pop indienne sont grandes...
Ajoutez quelques uns de ces instruments sur du tchikaboum, tchikaboum, tchikaboum de base de musique pop (même les percussions indiennes torchent du cul, rien à voir avec notre tchikaboum), épicez le tout est les envolées vocales uniques des chanteurs indiens et vous obtenez un rythme tout ce qui a de plus unique et original.
Voilà donc, pour l'explication musicale.
Mais la musique n'est qu'une partie de l'expérience de sortir dans une boîte de nuit punabi.
Une autre facette intéressante de sortir au Mumbai Se, c'est que les blancs ne connaissent pas l'endroit. Sortir au Mumbai Se, c'est être un groupe de cinq blancs dans un bar avec 300 Indiens. Et comme vous ressemblez à un beau dentier sous un black light, vous devenez automatiquement un aimant à Indiens.
Cinq minutes, c'est tout ce que ça prend pour vous faire des dizaines de nouveaux amis. Des nouveaux amis qui vous verseront dans la bouche la plus grosse gorgée de vodka jamais ingurgitée. Des amis qui vous voudront tous savoir pourquoi un blanc est venu dans un bar punjabi. Des amis qui voudront vous prendre en photo et se faire prendre en photo avec vous. Et surtout des amis qui voudront vous montrer les mouvements de la danse punjabi.
Parce que le bar a beau avoir des attraits, le plus grand de tous est le fait de monter sur le plancher de danse pour se brasser le popotin!
J'ai généralement l'air d'une grosse graine sur un plancher de danse. Mais pas au Mumbai Se. Parce que les Indiens ont compris une chose. Le corps sur un plancher de danse, c'est plus que deux pieds, deux jambes et un bassin. C'est tout ça plus deux bras, deux mains, deux épaules, une tête et encore deux bras et deux mains. Et surtout une bonne dose de n'importequoisme.
L'important ici est de bouger, bouger et bouger les bras, les mains, les épaules. Bien sûr, il a des mouvements de base: la tête pointée vers le ciel, les deux bras obliques dans les airs avec les épaules qui répètent un court mouvement vers le bas et l'arrière... un peu comme une laveuse qui tilt à la vitesse danse du bacon. Mais à part quelques mouvements de base, l'important est de créer ses propres mouvements, d'innover... ce qui donnera naissance à du très grand n'importe quoi, tellement n'importe quoi que vous peinerez à refaire le même mouvement dix minutes après.
Moulinette, mixette, bassinnette, pirouette, levrette, Georgette, alouette... vous êtes le seul maître à bord, le créateur de votre propre mise en scène. Rappel, l'important est de bouger, bouger et bouger le haut du corps... le bas suivra comme par magie.
Et surtout, il faut se laisser emporter par l'énergie débordante des amis indiens sur le plancher de danse. Les Indiens adorent danser (chaque film indien qui se respecte comporte au moins une chorégraphie de danse à 50 personnes qui dure 10 minutes). Pour eux, danser semble faire partie du quotidien et ils dansent pour le plaisir.
Sur le plancher de danse, c'est un peu déstabilisant parce que tout le monde danse avec tout le monde: les filles avec les filles, les filles avec les gars... et les gars avec les gars. C'est d'ailleurs en dansant avec des gars que j'ai appris les mouvements les plus hot. Parce que les gens ne semblent pas aller au Mumbai Se pour cruiser et repartir baiser avec le premier rencontré deux heures plus tard. Non, ils vont au bar pour le simple plaisir de danser. Et ça change toute l'expérience sur le plancher de danse.
Tu peux danser avec tes amis et commencer à danser subitement avec la fille tout juste à côté sans te faire péter une crise comme chez nous : "Gros dégueulasse, tu veux juste danser avec moi parce que tu veux fourrer après. Mange de la marde et ne m'approche pas. Tu veux faire de la peine à mes sentiments... mimimi mimimi mimimi". Au Mumbai Se, la fille va accepter de danser avec toi sans se poser de question. Elle va te dire oui parce qu'elle est là purement pour avoir du plaisir... tout comme toi. Et après, tu pourras danser avec l'autre fille à côté et l'autre fille à côté.
Le plaisir, pur et simple. Oui, c'est ce qui fait toute la différence dans l'expérience.
C'est décidé, je déménage en Inde. Non seulement, pour vivre la séparation d'avec la secte plus facilement, mais surtout pour laisser les démons de la danse indienne m'envahir encore et encore...
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Je suis contente de savoir que tu ne fais plus partie de la secte. Est-ce que ces danses indiennes sont aussi appelés le Bollywood? C'est comme dans le Excellent ton affaire. :)
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