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jeudi 13 mai 2010

Aller voir Ho Chi Minh... comme à la maternelle

Aller voir le mausolée d'Ho Chi Minh, ancien chef d'état et héros de la libération du joug colonial au Vietnam, est un must. Techniquement, rien dans la vie n'est un must. Mais payer une visite à la dépouille de cet homme qui représente tant pour les habitants de ce pays fait en quelque sorte partie du pèlerinage obligé à Hanoi.

Qui dit Ho Chi Minh dit communisme et politique. Et qui dit communisme et politique dit ordre, autorité et droiture.

En un mois au Vietnam, je n'avais pas vraiment été en contact avec les instances publiques, politiques, communistes. Mais quand vous visitez le mausolée d'Ho Chi Minh, vous retombez en plein dedans, la face première.

Ici, c'est l'ordre et la rectitude à leur extrême. Pas un cheveu qui dépasse, pas un pas à côté du rang. Ici, les règlements sont appliqués et exécutés, pas interprétés. Sinon, le fouet arrive à la vitesse de l'éclair.

Le plus drôle (et je pense que c'est ça qui me fascine le plus des pays communistes), c'est que dans la rue, dans la vie de tous les jours, c'est un peu le bordel et le chaos: les piétons qui traversent la rue partout sauf aux feux de circulation, les motos qui roulent en sens inverse et qui dépassent dans des endroits interdits, les motos et les voitures qui se stationnent sur le trottoir, les klaxons à l'infini. Bref, toutes ces petites choses qui font que l'on adore l'Asie et que l'on voudrait y passer notre vie.

Oups, on s'éloigne un peu... Donc, retour à HCM.

L'instant d'un heure, je suis retombé en enfance... quand on faisait des sorties à la petite école avec Thérése, la maîtresse "faticante" qui n'arrêtait pas de crier quand on faisait quelque chose qui ne faisait pas son affaire. Au mausolée, des Thérèse faticantes, il y en a au moins 75. Ce sont les petits monsieurs en habits officiels.

Devant le mausolée, il y a un immense terrain en pelouse (genre 10 terrains de football). Partout, il y a des pancartes "keep off grass". Comme la pelouse est quadrillée d'un réseau de bandes pavées, le réflexe normal est de se dire: ne pas marcher sur la pelouse pour marcher sur les bandes pavées.

Erreur fatale! Environ quatre secondes après avoir commis ce crime contre l'humanité d'avoir mis le pied à l'intérieur du terrain en pelouse (sur les bandes), trois sifflets se font aller le tut, tut, tut! Et trois paires de bras paniqués s'agitent pour me dire de sortir de là au plus sacrant... un peu plus et le swat arrivait en hélico pour m'abattre.

- Oui, mais je ne marche pas sur le gazon
- Tut!
- Oui, mais c'est écrit de ne pas marcher sur le gazon, mais pas sur la bandes.
- Tut!
- Oui, mais...
- Tut!
_ Oui, mais si vous ne voulez pas que les gens marchent sur la pelouse, pourquoi vous ne mettez pas une clôture?

NDLR: Ici, Sven n'a rien compris. La logique voudrait qu'une clôture règle l'épineux problème du droit de passage sur le "holy grass". Mais avec une clôture, on prive six personnes d'un travail rempli de défis et de dépassement personnels. Faire tut! avec un sifflet et protéger un bout de tourbe.

Après avoir marché 10 minutes pour faire le tour de la pelouse, c'est l'heure de faire la file à l'extérieur. Je respecte les règles: pantalon long, pas de camisole, pas d'appareil photos, pas de téléphone portable, les mains à l'extérieur des poches. Mais un autre sifflet se faire aller le tut, tut, tut! Cette fois, le crime est encore plus grave. Pas 100% dans le rang, l'épaule dépasse un peu celles des perosnnes devant (genre 8 pouces trop sur la droite). Crime de lèse-majesté! On exécute, on rentre dans le rang, le petit monsieur est content.

Le groupe entre dans l'édifice qui abrite la dépouille de HCM. Je commence à paranoïer, je veux être bien sûr de respecter les règles. Les gardes en blanc sont les gardes suprêmes et prennent leur rôle très au sérieux. Je fais particulièrement attention à mes mains... surtout pas dans les poches.

Soudain, Thérèse Nguyen sort le bras et pointe mes mains. Quoi, mes mains? Ah zut, elles sont derrière mon dos. Chez HCM, les mains doivent être sur le côté. Three strike, you're out! Mais ou avais-je la tête? Je suis d'une indiscipline parfois...

C'est donc les mains vissées sur le côté que j'entre dans la salle principale. La salle fait environ 7 mètres sur 7. Il y a 7 gardes dans la salle: quatre aux quatre coins du cerceuil et trois sur la plate-forme des visiteurs. Entre un Vietnamien et un Blanc, qui croyez-vous est plus scruté par les Thérèse? Le Blanc, bien évidemment. Les gardes n'ont d'yeux que pour le Blanc qui ne marche pas assez vite aux yeux d'une Thérèse. Plus vite... même si je suis environ quatre pieds derrière les visiteurs devant moi. Quatrième péché.

Oncle Chi, désolé pour tous ces impairs. Je ne voulais pas être un si mauvais élève. J'aurais tant voulu un sans-faute. Pardonnez-moi d'être un criminel invétéré.

Après avoir tant péché, je sors dehors. Des dizaines de gens se font prendre en photo dans la rue devant l'édifice. La rue est un large boulevard d'au moins six voies. Je fais bien attention pour ne pas me mettre entre les photographes et les groupes... j'ai fait assez de mal ce matin.

Mais qu'à cela ne tienne, je me fait retututer! Pour la 5e fois. Le garde n'est pas content, les bras s'agitent. Me niaises-tu calisse? Les mains sur le côté, il n'y a pas de file, donc pas besoin de marcher derrière tout le monde, je ne marche pas sur le gazon, je marche à la même vitesse que tout le monde.

Thérèse me pointe le trottoir. Faut marcher sur le trottoir.

- Mais il y a des dizaines de gens dans la rue. Pourquoi, moi, je dois être sur le trottoir?
- Tut! tut! tut!

Ben oui, j'ai compris, tut, tut, tut!

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