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mardi 20 avril 2010

Forrest Gump n'est pas le vrai Forrest Gump


Robert Zemickis nous a bien eus. On a tous cru que Forrest Gump était une création du cinéaste. Mais il n'en est rien. Le Forrest Gump interprété par Tom Hanks n'est pas réellement Forrest Gump, cet personnage à l'histoire abracadanbrante.

Le vrai Forrest Gump, celui qui a inspiré le cinéaste, je l'ai rencontré il y a quelques jours lors de ma visite aux tunnels de Cu Chi, lieu mythique de la guerre du Vietnam.

Brève remise en contexte: les tunnels de Cu Chi sont un "success story" incroyable au Vietnam. Pendant la guerre contre les Américains, les Vietcongs avaient creusé un réseau de tunnels d'environ 250km de long à Cu Chi, village à environ 60km au nord-ouest de Saigon. Pendant de longues années, les tunnels de Cu Chi et les soldats invisibles qui s'y cachaient ont causé bien des ennuis aux Américains... un des symboles fort de la résistance vietnamienne.

Notre Forrest Gump vietnamien, Le Thai Bihn de son vrai nom, est le guide accompagnant les touristes aux tunnels en ce beau vendredi matin. Mais Le Thai Bihn n'est pas qu'un guide. Il est LE GUIDE! Si vous allez à Cu Chi, c'est lui que vous voulez avoir comme guide parce que son histoire est spectaculairement spectaculaire.

Né d'une mère vietnamienne et d'un père philippin, LTB a évidemment participé à la guerre du Vietnam... en tant que membre de la marine américaine! Sur les champs de bataille de Cu Chi, ce sont les Vietnamiens qu'il combattait.

Il a donc participé à la guerre déchiré entre son pays d'adoption et son pays natal, sans jamais tuer de Vietnamien. Pour lui, l'ennemi n'existe pas. Tous sont ses amis, tous ses frères. Difficile de ne pas aimer quelqu'un qui aime tout le monde.

Après la guerre, il quitte les États-Unis et rentre au Vietnam et se fait arrêter par les communistes et passe quatre ans dans les camps de rééducation. Mais notre Forrest national est fort parce que même après quatre ans en rééducation, il ne plie pas et ne devient pas communiste. Malgré la prison, il n'éprouve aucune rancoeur à l'endroit des communistes. M. Bihn aime autant le communisme et le capitalisme. Difficile de ne pas aimer quelqu'un qui aime tous les régimes politiques.

Et c'est probablement en raison de cette fraternité éternelle que M. Bihn est devenu ami avec les plus grands de ce monde et qu'il est devenu un être mythique.

Lors de l'occupation américaine, M. Bihn n'a pas travaillé pour des généraux "no name". Non madame! À Cu Chi, M. Bihn a travaillé sous les ordres directs de nul autre que John McCain et John Kerry. "My good friend John McCain" et "My good friend John Kerry" s'amuse-t-il à répéter. Parce que LTB ne fait pas que travailler pour les deux derniers candidats défaits lors de l'élection présidentielle américaine, il est leut pote.

Mais M. Bihn n'est pas qu'ami avec les commandants devenus politiciens, il est aussi "chummy, chummy" avec les bonzes du 7e art. Pensez cinéaste américain et guerre du Vietnam. Quel nom vous vient en tête en premier? Oliver Stone, bien entendu. C'est également à Cu Chi que LTB a fait connaissance avec "my really good friend" Oliver. "Oliver was looking for a surgeon, but found me instead. So I helped him. My good friend Oliver Stone".

Et Bill Clinton et Bill Gates? Ils attendent toujours que LTB accepte leur demande d'amitié sur Facebook. En 2000, soit six ans après la levée de l'embargo américain au Vietnam, les deux Bill se sont rendus à Saigon pour signer des ententes commerciales. Selon vous, qui a travaillé avec les deux Bill lors de leur passage à Saigon? M. Bihn, évidemment. Avec qui les deux Bill "chillaient" le soir dans leur chambre du New World Hotel après avoir signé des ententes milliardaires quelques heures auparavant? Avec M. Bihn.

À l'instar du Forrest de Zemeckis, qui voit son Bubba, sa mère et sa Jenny mourir tour à tour, M. Bihn a aussi un destin tragique. Son premier amour et sa mère sont tombées sous les balles et les bombes au Vietnam. Et après ses années de rééducation, M. Bihn apprend que ses frères et soeurs sont en Australie et qu'ils sont pauvres parce qu'il n'ont pas assez d'eau dans leur nouveau pays.

Mais M. Bihn aussi est pauvre. Pauvre parce que l'armée américaine n'ont rien fait pour l'aider à la fin de la guerre au Vietnam. Et aussi pauvre parce que le gouvernement vietnamien ne lui a pas permis de devenir chirurgien ou avocat.

Mais M. Bihn a confiance que le vent tourne. Sous peu, il accrochera ses crampons de guide et se mettra à temps plein à l'écriture de sa biographie. En entendant de pouvoir lire sa version des choses dans sa biographie, M. Bihn suggère aux touristes de lire, une fois de retour à la maison dans leur pays respectif, le livre "Three moons in Saigon". "You will see my picture inside!"

Comme par hasard, une touriste dans l'autobus qui nous ramène à Saigon possède le livre en question. Et alors, elle est dans le livre, la photo de M. Bihn.

La femme hoche non de la tête. M. Bihn n'est pas dans le livre. M. Bihn nous a bien eus...

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